L’irresponsabilité du management OGF dévoilée aux prud’hommes

Le 8 mars 2019, date symbolique de la journée des droits des femmes, 3 fleuristes salariées du groupe OGF étaient convoquées en entretien préalable sur le secteur de Limoges pour faute grave, conduisant par la suite à leur licenciement. Deux d’entre elles ont souhaité se faire accompagner par la CFDT et sont allées jusqu’aux Prud’hommes. Presque deux ans plus tard, le jugement est rendu : le licenciement était sans cause réelle et sérieuse et OGF est condamné à indemniser les salariées.

A travers ce jugement, c’est tout le mécanisme managérial qui est mis en cause, saupoudré d’une hypocrisie et d’une froideur qu’on ne saurait comprendre dans une entreprise où l’humain devrait être une valeur cardinale. Hélas, l’humain chez OGF ne vaut souvent que pour la clientèle. Pour les salariés la réalité est bien différente.

En l’espèce 3 salariées se sont vues convoquées du jour au lendemain, avec mise à pied conservatoire. C’est alors le ciel qui leur tombe sur la tête, privées de salaire le temps de la mise à pied, sans savoir ce qu’on leur reproche. Tout ce que l’on sait c’est que l’entreprise dont OGF a fait l’acquisition depuis 2 ans et dont faisaient partie ces salariées voit son chiffre diminuer, et le pôle fleur est pris entre un nouveau process de commande fleurs habituellement externalisé et un autre issu d’une ancienne gestion locale en mode TPE. Face au déclin, faut-il garder ce pôle fleur dont on pourrait bien se passer ? Sinon, que faire des salariées ?

Une acquisition qui périclite, un défaut de compétences au sein de la Direction locale dans la transition de cette acquisition, et un pôle fleurs économiquement fragile. La machine à broyer les gens est lancée. Le catalyseur (ou le prétexte) est un audit qui mettrait en relief une gestion comptable globalement « hasardeuse » de la part des 3 salariées.

Mais le Conseil des Prud’hommes retient que ce qui est en réalité « hasardeux » dans cette affaire ce sont « le management et l’encadrement ». Les débats démontreront en effet que les fleuristes avaient simplement suivi une formation à un outil interne de gestion commerciale, et que rien n’avait été fait par la Direction pour clarifier leur environnement de travail (« caisse pas aux normes », « catalogue tarifaire absent », etc). Bref, les salariées naviguaient à vue.

A travers ce jugement la CFDT identifie les (très) vieux travers du Groupe : la responsabilité ne vient jamais des décideurs, mais toujours des exécutants.

On retrouve ce principe de déresponsabilisation dans d’autres domaines : le contrôle des heures par exemple. Ce n’est ainsi plus à la Direction de contrôler les dépassements d’heures, mais aux salariés de signaler les risques de dépassement d’heures légales, sous peine de sanction ! Pour faire simple, la planification planifie ce qu’elle veut, tant que les salariés ne disent rien, tout va bien. On a vu ainsi des amplitudes horaires journalières et hebdomadaires bien au-delà des maximums légaux et conventionnels dans plusieurs secteurs sans aucune volonté de contrôle (dont l’Alsace par exemple, avec des centaines d’infractions par an).


« Vous n’aviez pas de caisse enregistreuse, mais me l’aviez-vous signalé, ou aviez-vous relancé votre Directeur de Marque ? »

« Je n’ai pas eu d’échos comme quoi l’application des mesures d’hygiène et de sécurité se passait mal »

« Je n’ai pas le temps de mettre à jour les Documents Uniques de Prévention des Risques »

« Je ne suis pas au courant de l’absence de contrôle technique d’un corbillard »

« On améliorera vos conditions de travail au prochain exercice… »


Telles sont les réponses faites aux salariés et représentants du personnel continuellement, mettant parfois en jeu la sécurité des salariés. Pendant ce temps-là, toujours à Limoges, on licencie parce qu’un salarié isolé dans une agence et délaissé par sa hiérarchie n’a fait que 2 contrats obsèques au lieu de 9, qu’il n’a pas su répondre à un quiz sur la vie locale et qu’il a laissé traîner un carton dans l’arrière-boutique… Dans le même temps, les DSO réclament un ton « convenable » et « courtois » à leur égard en réunion de représentants du personnel… Le comble du cynisme.

Mais que retiendront les salariés du passage de ces dirigeants intermédiaires à part ces licenciements abusifs ? Quel sera leur bilan social à eux ? Que s’est-il passé en faveur des salariés à Limoges depuis 4 ans ? Pas grand chose. Il a même fallu récemment que la CFDT monte au créneau sur l’indemnisation des repas des salariés, et secoue le cocotier en réunion du personnel pour qu’un Directeur Délégué « décide » en lieu et place d’un Directeur de Secteur Opérationnel de l’indemnisation normale des repas des salariés en déplacements. Ri-di-cule. Idem pour la gestion catastrophique des repos, que nous dénonçons de longue date.

Quand des salariés se font agresser en agence, aucune solution n’est présentée. « Que voulez-vous qu’on fasse ? ». Mais des caméras sont posées contre les vols dans les marbreries.

On protège mieux le granit que les Hommes.

Concluons donc que le chef d’établissement OGF a une tendance à attendre que l’information lui arrive toute rôtie dans le bec et à vouloir se soustraire aux principes de base du droit du travail et des accords collectifs en faisant reposer sur le personnel d’exploitation un certain nombre de prérogatives d’encadrement. Tel un « bon soldat » qui ne se pose jamais la question de la légitimité de ses décisions, il exécute des ordres et des salariés, le doigt sur la couture du pantalon. Qu’importe qu’il doive pousser 2 fleuristes aux larmes lors de leur entretien préalable à licenciement pour ne pas répondre de ses défaillances. D’autres secteurs sont bien sûr concernés par cette mentalité.

L’encadrement n’arrive pas à admettre ses faiblesses et se défausse trop facilement. Mais est-ce propre à OGF ?

Les TPE-PME ne sont pas en reste, et même si les chiffres sont moins vertigineux que ceux d’OGF, les militants CFDT suivent actuellement plusieurs situations préoccupantes un peu partout en France. Nous invitons d’ailleurs les salariés en mal-être professionnel à nous contacter via notre formulaire.

 

Auteur : Syndicat Interco CFDT Limousin & CNP CFDT Services Funéraires

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